« J’ai enfermé mon cœur dans un chausson de satin rose » Degas
Dans l’atelier de l’artiste
"Il m’admettait dans une pièce longue, sous les toits, à large baie vitrée, où la lumière et la poussière étaient heureuses. Là s’entassaient le tub, la baignoire de zinc terne, les peignoirs sans fraîcheur, la danseuse de cire en tutu de vraie gaze, dans sa cage de verre, et les chevalets chargés de créatures au fusain, camuses, torses, le peigne au poing autour de leur épaisse chevelure roidie par l’autre main. Le long du vitrage vaguement frotté de soleil, une tablette étroite courait, tout encombrée de boîtes, de flacons, de crayons, de bouts de pastel, de pointes, et de ces choses sans nom qui peuvent toujours rendre service. […] C’est là, seul par son art, que Degas retrace ce qu’il a vu, à présent modifié par le passage de cette chambre noire qu’est pour lui l’atelier. Il retrouve une autre réalité, celle des temps morts, qu’il privilégie et qu’il aperçoit fugitivement, lors des répétitions, le temps des abandons, des douleurs, capturés lors des exercices."
Paul Valéry - Degas
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